Communiqué GTT : les groupes de pression français derrière la crise à Madagascar ?
4 mai 2009

Communiqué du Collectif « Gasy Tia Tanindrazana » du 4 mai 2009

Les groupes de pression français derrière la crise à Madagascar?

Madagascar est la première communauté de Français hors du territoire national. Plus de deux tiers des investissements étrangers à Madagascar sont français. Ces investissements contrôlent ou convoitent les télécoms (Orange, France Telecom et Groupe BOURBON), les mines avec les sociétés de JC Mittérand, l’industrie du transport, avec le groupe BOLLORE, le pétrole avec Total, les travaux publics avec Colas, l’eau avec Veolia, etc.

Depuis l’élection de Marc Ravalomanana à la Présidence de la République en 2002, la France est fortement soupçonnée de rechercher à renverser le pouvoir. Celui-ci cherchait en effet à ouvrir les relations économiques avec d’autres partenaires. Les experts français n’étaient plus les bienvenus dans les ministères.

Depuis le début de la crise qui a mené au coup d’Etat du 17 mars dernier, la France s’est retrouvée à nouveau et à plusieurs reprises liée à des activités qui ne sont pas passée inaperçues.

En tout premier lieu, nous noterons le rôle primordial que les médias français ont eu dans la diabolisation du pouvoir en place. Nous rappelons que les médias français sont transmis dans tout Madagascar via le satellite et les ondes hertziennes. Quasi systématiquement, ces médias ont présenté Andry Rajoelina comme un « sauveur », porte-parole des miséreux contre un Marc Ravalomanana avide de pouvoir et d’argent, la caricature même du dictateur africain.

Ensuite, nous rappelons l’épisode rocambolesque de la « disparition » d’Andry Rajoelina le 6 mars, lequel a été retrouvé le 10 caché dans la résidence de l’ambassade de France. Simultanément, la mutinerie de CAPSAT marquait un tournant décisif dans la crise. Coïncidence ?

Puis nous notons que lorsque la communauté internationale menaçait déjà de boycotter Andry Rajoelina, celui-ci déclarait le 16 mars qu’un pays ami lui avait déjà promis 50 millions de dollars. Bluff ou accords en sourdine ?

Autre coïncidence, quelques heures également après qu’Andry Rajoelina ait forcé les portes du palais présidentiel et que le Président légal ait dû se résigner à l’exil, la France envoyait son nouvel ambassadeur. Celui-ci voyageait d’ailleurs dans le même avion que Mme Rajoelina.

Ainsi, malgré que la France ait officiellement déclaré sa condamnation du coup d’Etat et son soutien au Président élu, officieusement, il semble que les relations avec la HAT continuent.

Dernièrement, on apprenait par exemple que le groupe TOTAL est en phase de commencer l’exploitation du pétrole. Le groupe est habitué à travailler dans des pays où la démocratie n’est qu’un lointain rêve. TOTAL ne semble pas se préoccuper de tracter avec un pseudo gouvernement soutenu par la force des armes et perpétrant au grand jour enlèvements, brutalités et assassinats.

Jacques Blache, président du club d’amitié France-Madagascar. a d’ailleurs fait savoir jeudi dernier qu’il était en mesure de démontrer la participation de « groupe français » derrière le coup d’Etat.

Parceque l’amitié des peuples doit parler plus fort que les intérêts de groupes économiques, nous demandons au gouvernement français de marquer clairement son soutien plein et entier aux propositions du groupe de contact réuni vendredi à Addis-Abeba sous l’hospice de l’Union Africaine. Nous demandons à la France de transmettre aux entreprises françaises un ordre strict de refuser toute compromission avec la « Haute Autorité de Transition » prétendant illégalement représenter l’Etat malgache.

Le collectif GTT